Le TMS le plus fréquent et ses caractéristiques

Un salarié sur trois en Europe déclare souffrir de douleurs liées à l’activité professionnelle. Les troubles musculo-squelettiques représentent la première cause de maladies professionnelles reconnues en France. Les membres supérieurs, en particulier le poignet, restent les zones les plus touchées, avec une prédominance du syndrome du canal carpien.

La répétitivité des gestes, l’intensité des efforts ou encore l’organisation du travail influencent directement l’apparition de ces troubles. Les conséquences s’étendent au-delà de la sphère médicale, affectant la performance des entreprises et la qualité de vie des travailleurs.

Les troubles musculo-squelettiques : comprendre leur nature et leur impact au quotidien

Les troubles musculo-squelettiques (TMS) dominent le classement des maladies professionnelles reconnues en France, loin devant les pathologies respiratoires ou cutanées. Ce terme recouvre une série de pathologies qui s’attaquent aux muscles, tendons, nerfs et articulations. Les symptômes varient, mais l’on retrouve souvent une douleur persistante, une gêne dans les mouvements, parfois même une perte de force ou de mobilité. Fatigue, tensions, engourdissements, fourmillements : chaque cas a ses particularités, selon la zone touchée et la gravité.

Dès lors, le quotidien se complique pour celles et ceux qui en souffrent. Les gestes professionnels, anodins pour la plupart, se transforment en épreuve. Saisir un outil, taper au clavier, porter un colis, même un simple mouvement répété devient source d’inconfort. L’impact sur la santé ne s’arrête pas aux frontières du bureau ou de l’atelier : la douleur s’invite à la maison, perturbe le sommeil, dégrade la qualité de vie.

Si l’on cherche les domaines les plus exposés, la liste s’étend de l’industrie à la logistique, du secteur médico-social aux métiers de bureau. La sédentarité, tout comme la répétition des tâches, accélère l’apparition des troubles musculo-squelettiques. Selon l’Assurance Maladie, les TMS représentaient plus de 87 % des maladies professionnelles reconnues en 2022. En Europe, la situation n’est guère différente : un actif sur trois déclare ressentir des douleurs liées à son travail.

La santé sécurité au travail ne se limite donc plus aux métiers de force. Les TMS interrogent la manière dont les postes sont pensés, l’organisation collective, et rappellent la responsabilité de chacun face aux risques professionnels. Préserver la santé des salariés, contenir l’absentéisme, limiter les conséquences humaines et financières : voilà les enjeux posés par ces pathologies musculosquelettiques désormais incontournables dans le débat sur le travail.

Pourquoi certains TMS sont-ils plus fréquents que d’autres ? Focus sur le cas du syndrome du canal carpien

Le syndrome du canal carpien s’impose comme le TMS le plus diagnostiqué dans l’Hexagone, loin devant d’autres troubles du membre supérieur. Cette affection, causée par la compression du nerf médian au niveau du poignet, met en lumière une combinaison de facteurs de risque mécaniques et organisationnels, omniprésents dans de nombreux métiers.

La répétitivité des mouvements, la force appliquée lors des opérations de manutention et le maintien prolongé du poignet en flexion favorisent son apparition. Sur les lignes de production, dans les bureaux, au sein de l’agroalimentaire ou chez les secrétaires, le risque s’invite partout. L’organisation du travail n’est pas en reste : journées sans pause, cadences difficiles à tenir, matériel peu adapté. Le risque grimpe, tout comme les arrêts de travail et le turn-over.

Pourquoi le syndrome du canal carpien se retrouve-t-il autant ? Parce que plusieurs facteurs se superposent : caractéristiques individuelles (sexe, antécédents), exigences professionnelles, environnement de travail. Les campagnes d’évaluation des risques en entreprise confirment une surreprésentation dans les métiers manuels, mais le secteur tertiaire n’est plus à l’abri.

Voici les principaux facteurs qui entrent en jeu dans le développement de ce syndrome :

  • Répétition des mouvements
  • Pression mécanique sur la paume
  • Utilisation prolongée d’outils vibrants
  • Absence de variabilité des tâches

Le syndrome du canal carpien agit comme un révélateur : il signale les limites d’une organisation focalisée sur la productivité, sans prise en compte suffisante de la prévention. Ses conséquences ne se résument pas à un inconfort passager : elles se traduisent par des absences, une perte d’efficacité, une équipe désorganisée.

Kinésithérapeute montrant un étirement à une jeune femme

Prévention et gestes clés : comment agir concrètement pour limiter les risques de TMS

Aucun secteur ne se trouve à l’abri des troubles musculo-squelettiques. Pourtant, la prévention TMS s’appuie sur une série de mesures concrètes, validées par l’INRS et les services de santé au travail. L’évaluation des risques professionnels est le point de départ. Ce diagnostic, formalisé dans le document d’évaluation des risques, engage l’employeur à agir, comme le prévoit le code du travail.

Pour réduire les TMS, plusieurs leviers sont à la disposition des entreprises :

  • Réorganiser les postes afin de limiter la répétition et l’intensité des gestes.
  • Introduire davantage de variété dans les tâches pour garantir une meilleure récupération musculaire.
  • Mettre en place des pauses courtes et régulières, adaptées au rythme de l’activité.
  • S’équiper d’outils ergonomiques, pensés pour ménager les articulations.

Mais la démarche de prévention ne fonctionne que si les salariés s’impliquent. Il s’agit de signaler rapidement les premières douleurs, de consulter le médecin du travail sans attendre, de participer à l’analyse des postes. L’INRS recommande d’associer les équipes à cette réflexion, car ce sont souvent ceux qui réalisent les gestes qui détectent les risques invisibles à première vue.

Les équipements ne suffisent pas. L’organisation, le rythme, la charge de travail jouent un rôle décisif dans l’apparition des TMS. Pression sur les délais, absence de rotation, cadences élevées : chaque détail compte. Adapter les processus, ajuster la répartition des tâches, ouvrir le dialogue : les études montrent que la lutte contre les troubles musculosquelettiques exige une stratégie globale où la technique rencontre l’écoute et l’intelligence collective.

Le travail façonne nos corps autant que nos journées. Prendre soin des gestes, c’est aussi préserver l’équilibre de tout un collectif. Qui veut vraiment d’une entreprise où la douleur devient la norme ?

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